- marâtre
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• v. 1138; lat. tardif matrasta, de mater1 ♦ Vx Femme du père, par rapport aux enfants qu'il a eus d'un premier mariage. ⇒ belle-mère. Les marâtres des contes de fées. « si rien au monde ne vaut une mère, rien n'est pire qu'une marâtre » (Gautier).Synonymes :- belle-mèremarâtren. f.d1./d Vx ou péjor. Belle-mère, pour les enfants d'un premier lit.d2./d (Afr. subsah.) Co-épouse de la mère.d3./d Mauvaise mère.— adj. f. Fig. "Quand la marâtre nature nous prive de la vue..." (Voltaire).I.⇒MARÂTRE1, subst. fém. et adj.LittéraireI. —Subst. fém.A. —Femme du père, par rapport aux enfants nés d'un précédent mariage. (Dict. XIXe et XXe s.).— En partic., péj. Femme qui maltraite les enfants que son mari a eus d'un mariage précédent. Synon. (non péj.) belle-mère (v. ce mot B). Voici la maison du scandale: la marâtre jalouse dit qu'on caresse trop ces étrangers aux dépens de ses propres fils (CHATEAUBR., Fragm. Génie, 1800, p. 164). Il était veuf. Il s'est remarié. La marâtre déteste la petite (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 124):• ♦ ... les brodequins de fer rougi dont les nains chaussaient la marâtre de Blanche-Neige, les flammes où cuisait Lucifer, n'évoquaient jamais pour moi l'image d'une chair souffrante.BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 19.B. — P. ext. Mère cruelle qui maltraite ses enfants. La bonne mère devint une marâtre, elle morigéna ce pauvre enfant, elle le tracassa (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 65).— P. anal. [Désigne une pers., une collectivité ou une force naturelle, qui ne remplit pas la mission de protection qu'on lui prête et qui se montre cruelle et injuste] Ô terre! criait-il, Ô marâtre de l'homme! Sois maudite à jamais dans le nom qui te nomme! (LAMART., Chute, 1838, p. 1078). Notre république (...) traite en marâtre le professorat et lui pleure les vivres (AMIEL, Journal, 1866, p. 77).II. —Adj. fém. [Correspond à B supra] Qui agit en marâtre, qui est cruelle et injuste. Partout [chez les femmes] sous un émail de candeur, un argile vil et grossier; jeune, des maîtresses décevantes, infidèles, sordides; vieux, des épouses adultères et marâtres (BOREL, Champavert, 1833, p. 185).— P. anal. ou au fig. Fortune, société marâtre. Moi, jeté au dernier rang par une providence marâtre, moi à qui elle a donné un coeur noble et pas mille francs de rente, c'est-à-dire pas de pain (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 322). La sainte Vierge intervenait en faveur des désespérés, forçait la nature marâtre à être juste et charitable (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 112). V. blasphémer ex. 2.Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718 marastre; dep. 1740 -râtre. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 «seconde femme du père par rapport aux enfants du premier lit» (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3975); b) 1180-90 adj. «peu accueillant» (ALEX. DE PARIS, Alexandre, 12 in Elliott Monographs, t. 5, p. 139); c) 1626 «mère dénaturée» (A. HARDY, Le ravissement de Proserpine par Pluton, 1098, éd. E. Stengel, t. 3, p. 38); 2. 1757 métall. marastres plur. (Encyclop. t. 7, p. 149b). Du lat. pop. matrastra «femme du père» (att. dans des inscriptions lat., v. TLL) qui a supplanté le lat. class. noverca qui ne subsiste que dans le macédo-roumain nuearca (cf. esp. port. madrasta, a. prov. mairastra). Le mot a un sens péj. dès le XIIIe s.: on trouve, vers 1220, marastre opposé à mere «femme loyale» (G. DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 8785-8788; v. aussi G. DE COINCI, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, I Pr 1, 138-139). Au cours du XVIe s., il a été remplacé par l'expr. belle-mère dans la désignation du lien de parenté. Fréq. abs. littér.: 88.
II.⇒MARÂTRE2, subst. fém.TECHNOL. ,,Anneau métallique circulaire sur lequel repose la cuve du haut fourneau`` (BADER-TH. 1962). La partie supérieure du four [haut fourneau] (...) vient reposer par la marâtre sur une série de supports (GUILLET, Métall. gén., 1923, p. 169).Prononc.:[]. Étymol. et Hist. V. marâtre1.
marâtre [maʀɑtʀ] n. f.ÉTYM. 1530; marastre, v. 1138; lat. tardif matrastra « femme du père », de mater.❖———1 (V. 1138). Vx ou péj. Femme du père, par rapport aux enfants qu'il a eus d'un premier mariage. ⇒ Belle-mère (2.). — REM. Du XIIIe au XIXe s., marâtre s'est parfois employé sans l'idée péjorative qui s'y attache de nos jours.1 Ce qu'une marâtre aime le moins (…) ce sont les enfants de son mari : plus elle est folle de son mari, plus elle est marâtre.La Bruyère, les Caractères, V, 46.2 Vous savez que, si rien au monde ne vaut une mère, rien n'est pire qu'une marâtre, — si ce n'est une belle-mère. — Donc Françoise de Plaix, comme une vraie marâtre qu'elle était, aimait peu les enfants de l'autre lit, et tâchait de favoriser les siens de tout ce qu'elle pouvait tirer de son côté et du leur.Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 341.2.1 Le bouffon. — Bernardo, trop jeune, on dit que l'image de sa sœur le console. Certes, Lucrétia, sa marâtre, le berce, mais c'est Béatrice qui le nourrit.A. Artaud, les Cenci, I, 1, in Œ. compl., t. IV, p. 330.♦ (1964). Franç. d'Afrique. Épouse du père autre que la mère, pour les enfants d'un polygame.2 (1626). Mère dénaturée qui maltraite ses propres enfants, mauvaise mère. || On a retiré à cette marâtre la garde de ses enfants. — Fig. || La fortune l'a traité en marâtre.3 Mais la société, plus marâtre que mère, adore les enfants qui flattent sa vanité.Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 891.♦ Adj. || « Marâtre nature » (→ Durer, cit. 6, Ronsard). ⇒ Cruel.———II (1757, Encyclopédie). Métall. Grosse pièce de fonte consolidant la paroi supérieure d'une embrasure de fourneau.
Encyclopédie Universelle. 2012.